Cette année, les stations de ski des domaines de Tarentaise (et globalement les plus grands domaines) renouvellent des éléments de leur parc, vers des appareils plus sophistiqués et modernes.
Alors que les stations de moyenne altitude sont vouées à terme à disparaître, les stations de haute altitude semblent se tourner plus que jamais vers la perspective du « tout ski », en souhaitant récupérer la clientèle des stations de moyenne altitude, principalement familiale. Dans le même temps, l’augmentation des prix des forfaits se fait ressentir : le public visé évolue, les plus grands domaines se tournant désormais vers une clientèle de plus en plus aisée, en témoigne aussi la nature des renouvellements.
Cette année, en Tarentaise, les Arcs, Val Thorens, la Rosière et la Plagne renouvellent (ou sont en train de renouveller) de leurs plus importants appareils devenus obsolètes mais pas forcément. Au-delà de ce territoire, mais toujours dans les Alpes, la station des Deux Alpes finit sa transition express vers un domaine entièrement renouvelé, entreprise depuis la saison dernière.
Les Arcs, La Plagne : un renouvellement des colonnes vertébrales du domaine ?
Si vous êtes familiers avec ces stations, cela ne vous aura pas échappé : dans les deux domaines, des les appareils des plus importants (voire les plus importants) sont cette année renouvelés (ou en train de l’être).
Depuis le printemps dernier, à la Plagne, le télécabine de la Roche de Mio, emblématique installation de la Plagne Bellecôte, inaugurée en 1975, voit sa fin de service approchée, étant programmée pour fin avril 2025. Depuis mai dernier, sa successeuse est en travaux, et faute de temps du fait de sa longueur développée très importante (presque quatre kilomètres), sa finalisation est prévue pour l’été prochain, et sa mise en service pour l’hiver 2025.
Avec des gares reprenant le style de l’ensemble des gares des télésièges de la Plagne utilisé depuis le milieu de la décennie 2010, ce télécabine poursuit la quête d’une augmentation du débit devenu insuffisant à la Plagne sur cette axe, et d’une augmentation du standing de la station, qui, après avoir inauguré le complexe prestigieux « Live 3000 » avec la fermeture de son glacier en 2024, se dirige vers une population plus aisée, comme nombre de stations « neige garantie ».
Vue de la gare amont du nouveau télécabine Roche de Mio depuis la webcam « Roche de Mio » à la Plagne, le 14 novembre 2024
Livrée en 2025, ce télécabine modifiera très certainement l’esprit du versant Bellecôte de la Plagne, et marquera la suite de la transition de la Plagne vers un domaine « haut standing », entamée depuis désormais plus de 10 ans, et renforcé en 2024 avec le nouveau secteur des glaciers.
Du côté des Arcs, le fameux télécabine « Transarc », OVNI du transport par câble né dans les années 1990, et liaison principale entre les deux partie du domaine des Arcs est renouvelé. Vieux de « seulement » 33 ans, l’appareil, un simple télécabine à capacité de 15 places par cabine, a vu passer de nombreux skieurs en son sein. Cependant, la hausse du nombre de skieurs dans les stations de haute montagne le rend aujourd’hui surchargé tant en heure de pointe que dans la journée durant les vacances scolaires.
Pour remédier à ce problème d’insuffisance de débit, la société d’exploitation des arcs (ADS) a sorti le grand jeu, en créant un télécabine ultramoderne au débit de 3 600 personnes par heures (contre 3 000 auparavant), et reflétant désormais plus l’image d’une station qui se veut haut de gamme qu’auparavant, avec un appareil de style industriel et aux gares en tôle.
Modélisation 3D des cabines du nouveau Transarc
Le nouveau Transarc sera performant, plus rapide, avec des cabines plus spacieuses (malgré leur limitation à dix personnes par cabine, en raison de la fin de l’existence des places debout), calquées sur les cabines de Vallandry ayant en 2021 remplacé le télésiège éponyme partant de la station elle aussi éponyme.
La transition d’un télésiège à un télécabine était d’ailleurs typique de la refonte totale de l’image du domaine. Implantée depuis toujours à Courchevel ou dans les domaines de luxe, la cabine renvoie une image de confort, de luxe, attractive pour les populations les plus fortunées aujourd’hui visées.
Cependant, la transformation de télésièges en télécabines est aussi le symptôme d’un autre phénomène, l’arrivée en masse des familles dans les grandes stations historiquement sportives.
Val Thorens : Du télésiège au télécabine des Deux Lacs, un remplacement prématuré
Installé en 2013 dans la station à l’écart du centre, le télésiège des Deux Lacs desservait largement la zone ski débutant et ski propre du domaine de Val Thorens. Comprenant des sièges de quatre places (ce qui est peu pour desservir un espace aussi convoité et fréquenté par les débutants), et se voulant discret, ce qui explique le choix d’une gare de type Poma Sattelit, le choix fait de construire cet appareil s’est avéré peu judicieux très rapidement.
Ainsi, au bout de 11 années seulement d’existence, le voici remplacé. Cette fois-ci, la SETAM (la société d’aménagement et d’exploitation de Val Thorens) voit grand : un télécabine avec chacune des cabines ayant une capacité de 10 places a été implanté, et est prêt pour le lancement samedi 23 novembre prochain.
De plus, c’est la liaison avec Orelle qui s’annonce simplifiée. Axe le plus efficace pour rejoindre la station sur l’autre versant, les Deux Lacs seront désormais plus efficaces, le télécabine étant annoncé comme allant être exploité à une vitesse de sept mètres par seconde. Enfin, l’accès à la tyrolienne de Val Thorens « la Bee » sera simplifiée pour les piétons, qui n’auront plus à faire ralentir l’appareil ni à subir une attente trop importante durant les vacances scolaires.
Ce projet, bien qu’intrinsèquement lié aux problématiques de fréquentation de la zone, qui devenaient trop importantes, avec le télésiège de la Moraine qui ne suffisait pas à le suppléer s’inscrit au cœur d’un tout autre projet urbanistique lancé en 2024 par la station : la refonte du quartier du Cairn, et la construction de nouveaux immeubles dans un style plus moderne que ceux actuellement trouvés dans la stations sur son plateau.
Alors que l’immobilier à Val Thorens est plus que jamais (très) bien valorisé, la SETAM a lancé ce projet, alliant chalets haut de gamme et nouvel emplacement pour familles, qui seront ainsi plus proches du départ débutants, matérialisé par le télécabine des Deux Lacs, ainsi que par le télésiège « Plein Sud », axe privilégié vers les Trois Vallées.
Ce remplacement permet à Val Thorens de supprimer le dernier point noir de l’efficacité de son parc de remontées mécaniques, jugé par nombre d’experts comme étant le plus efficace en Vanoise voire en France ou dans les Alpes entières.
L’ancien télésiège des Deux Lacs devrait être durant l’été 2025 réimplanté
Les Deux Alpes en fin de transition
Au-delà de la Tarentaise et de la Vanoise, une autre station est en transition, celle des Deux Alpes. Alors que depuis 2021, le projet de refonte de son front de neige vieillissant se poursuit, plusieurs télémix ayant déjà remplacé d’anciens appareils (télécabines, télésièges), et la station ayant fait le plein de nouveaux téléskis.
De l’ancien front de neige ne subsistait jusqu’en 2023 que le mythique DMC Jandri. Colonne vertébrale du domaine isérois, et unique accès au glacier possible depuis le démontage du téléphérique Jandri 2 en 2018, l’appareil, obsolète, ne suffisait plus, et ne répondait plus aux exigences de la station concernant ses orientations, alors que celle-ci se dirige vers un public familial, visitant de plus en plus les stations, et aisé, alors que le coût des séjours en montagne ne cesse d’augmenter.
Pour répondre aux files d’attente interminables, le domaine des Deux Alpes a cette année investi dans un appareil flambant neuf aux cabines spacieuses et aux gares d’apparence luxueuses, aérées, et au design épuré, comme en témoigne cette vidéo des Deux Alpes, réalisée pour promouvoir le nouveau 3S Jandri.
En outre, alors que les quasi dix neuf minutes de montée devenaient trop importantes, l’appareil ayant reçu une dérogation devrait être exploité à 8m/s, et ainsi rendre l’accès au bas du glacier à 2 600 mètres en seulement 14 minutes, une prouesse, selon la société d’aménagement des Deux Alpes.
Ce projet marquera l’aboutissement de la transition de la station des Deux Alpes vers une station haut standing, et la fin d’une longue ère durant laquelle le DMC de Jandri était le symbole de la station au grand glacier perché.
Non cité dans cet article, le remplacement cette année à La Rosière (Montvalezan, Tarentaise) du télésiège fixe trois places du Chardonnet a aussi lieu, mais ne témoigne pas d’une orientation de la station vers une nouvelle clientèle : le télésiège devait être remplacé, seulement pour des questions de débit, et ce dernier étant devenu obsolète.